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Saverne PORTRAIT Un passionné repose la ligne Saverne-Molsheim
« Par défi » Quelques années plus tard, tout juste bachelier promis aux classes préparatoires, ce bourreau de travail commence donc à réunir ses premières pièces à conviction : des cartes postales, des plans. C'était en 1995. Jean-Georges a trouvé son challenge : « Un peu par défi, je voulais faire sortir de l'oubli le vécu très riche de cette ligne Saverne-Molsheim », explique-t-il. Depuis 1995, l'étudiant n'a que rarement interrompu son travail minutieux de recherche. Il s'oriente vers le génie civil, conjugue l'Ensais (l'école d'ingénieur strasbourgeoise) avec les interviews d'anciens cheminots. Par le biais du bouche-à-oreille, il multiplie les contacts et collecte une bonne centaine d'illustrations sur le sujet. Il accumule les témoignages. Et ne regrette qu'une seule chose : la collaboration à reculons de la SNCF... Le jeune homme souhaite consulter les archives ? Il se fait opposer une première fin de non-recevoir. Puis une deuxième. A la troisième tentative, c'est un coup de téléphone laconique adressé au directeur de l'Ensais qui achèvera de le décourager. Désintérêt ? Crainte de l'espionnite ? Jean-Georges s'interroge encore sur ces énigmatiques (dé)motivations. A 30 km/h Qu'à cela ne tienne. Mises bout à bout, les pièces patiemment recueillies reconstituent l'histoire de cette ligne exploitée à partir de 1864. 20 ans très exactement après la pose des premières traverses sur la jonction Strasbourg-Bâle. « Construite à l'économie, la ligne est alors quotidiennement desservie par trois ou quatre trains de voyageurs et de marchandises », raconte Jean-Georges. On y circule en moyenne à 30 km/h. Mais sept ans plus tard, l'Alsace passe sous la coupe prussienne. « Les données changent », prévient l'auteur de Saverne-Molsheim, Petites et grandes histoires d'une ligne de chemin de fer alsacienne. Pour des raisons stratégiques et économiques, les Allemands choisissent d'organiser par le rail le contournement de Strasbourg. La ligne Saverne-Molsheim, inscrite dans l'axe nord-sud, monte peu à peu en puissance... La concurrence automobile Le récit s'enrichit d'anecdotes. L'auteur remonte chronologiquement l'épine dorsale de son sujet jusqu'au baroud d'honneur. Quand, cédant à la concurrence automobile et au premier plan général de fermeture de lignes, le trafic voyageur du Saverne-Molsheim est interrompu le 3 mars 1969, « faute d'une vraie volonté d'aménagement du territoire », estime Jean-Georges. Le trafic de marchandises subsistera bon an, mal an jusqu'en 1988. La ligne est finalement déclassée en 1993 puis arrachée. « C'est vraiment dommage, ce contournement Saverne-Molsheim aurait été très pratique dans le contexte actuel », estime aujourd'hui Jean-Gorges qui vient de mettre à la fois le point final à son ouvrage et à ses études. Le ferroutage A 23 ans, il tient enfin entre ses mains le produit de six années de labeur : 111 pages de textes et d'illustrations tirées à plus de 500 exemplaires. 520 exemplaires très exactement dont il ne reste plus qu'une quarantaine de volumes disponibles, peut honorablement se vanter l'auteur ravi d'un tel succès : « Je suis vraiment content de tout ça », convient discrètement ce jeune homme perfectionniste. Jean-Georges est aussi un jeune homme d'une cohérence limpide. L'ingénieur en génie civil qu'il est désormais vient d'ailleurs de postuler à... la SBB, la société de chemins de fer suisse : « Il y a les pays qui aiment le train et ceux qui l'aiment moins. Les Suisses et les Autrichiens sont pionniers en matière de ferroutage. C'est une question de mentalité », estime-t-il, « en France, on a un autre concept du fer. On a moins de trains que les Suisses. On préfère ceux qui vont vite et loin, à l'image du TGV. En Suisse, le réseau est plus dense et plus ramassé. Mais y a moins de camions sur les routes ». On l'aura compris, Jean-Georges est un fervent promoteur du ferroutage. Voilà, peut-être, une bonne raison de reprendre prochainement la plume... P. R. Saverne-Molsheim, Petites et grandes histoire d'une
ligne de chemin de fer alsacienne (Rhyn un Mosel), 210 F (+ 30 F
de frais de port). JG Trouillet, 61 rue de la Marne, 69 500 Bron.
jgtrouillet@hotmail.com |
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© Dernières Nouvelles d'Alsace, Vendredi 27 Juillet 2001. Pour plus de détails et de photos, lire l'édition imprimée des DNA. |